A l’époque médiévale le village de Cahagnes situé initialement en Neustrie, fait partit du puissant duché de Normandie, créé par le traité de Saint-Clair-sur-Epte entre le roi des Francs Charles le simple et le chef viking Rollon, en 911, pour mettre fin aux invasions scandinaves. La Normandie sera rattachée au royaume de France en 1204.
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Nous ne pouvons parler du moyen-âge, sans évoquer notre héros local Guillaume de Cahagnes ou Cahaignes, qui s’illustra à la bataille d’Hasting le 14 octobre 1066, lors de la conquête de l’Angleterre.
Né vers 1035, Guillaume est le vassal de Robert comte de Mortain, demi-frère du duc Guillaume de Normandie et puissant seigneur Normand, qui gère sous l’autorité ducal, un territoire stratégique aux frontières du duché de Bretagne et du comté du Maine. Robert devint une des plus grosses fortunes d’Angleterre après la conquête Normande.
C’est avec ses voisins Robert des Loges, le sire de Tracy, Roger de Monchamps, le comte de Mortain et bien d’autres barons Normands, que Guillaume de Cahagnes débarque en Angleterre le 28 septembre 1066, sous la bannière du duc de Normandie venu reprendre le trône d’Angleterre.
La bravoure au combat de Guillaume de Cahagnes est relatée dans le roman de Rou, chronique médiévale relatant l’épopée Normande, rédigée par le poète Normand Robert Wace.
Extrait du Domesday Book
En effet, Edouard le confesseur roi d’Angleterre, avait promis sa couronne au duc Guillaume de Normandie, à sa mort, le Normand revendique sa légitimité à la succession au trône d’Angleterre. Face à lui Harold Godwinson, le mari de la fille d'Édouard, choisi par les grands du royaume avec la bénédiction du roi sur son lit de mort, prétend également à la couronne, il est sacré le 6 janvier 1066.
Décidé à récupérer son dû, Guillaume de Normandie se lance dans d’intenses préparatifs, il rassemble une flotte de presque mille navires à Dives-sur-Mer, dont 120 fournis par le comte de Mortain.
C’est donc depuis l’estuaire de la Dives puis celui de la Somme que le 12 septembre 1066, embarqueront plus de dix mille hommes et trois mille chevaux vers les côtes anglaises.
Ainsi commence la conquête de l’Angleterre qui verra la victoire des Normands, et la mort d’Harold, à la bataille d’Hasting, le 14 octobre 1066.
Guillaume de Normandie « Le conquérant » est couronné roi d’Angleterre le jour de Noël, le 25 décembre 1066, à Londres, dans l’église abbatiale de Westminster.
Suite à la conquête de l’Angleterre, l’installation du nouveau roi et des barons Normands a pour conséquence de faire disparaitre la presque totalité de l’aristocratie anglo-saxonne ainsi que les dirigeants militaires et ecclésiastiques locaux. Le nouveau roi les remplace par la noblesse Normande. Après 1075, tous les comtés sont détenus par des Normands. Les évêques et les grands abbés sont également remplacés.
Pour imposer son autorité Il importera également l’architecture Normande avec la construction de nombreuses églises et châteaux forts en pierre sur tout le territoire, la tour de Londres en est l’exemple le plus célèbre.
La langue des Normands, très proche du français, devient la langue des classes dirigeantes, elle se mélangera aux différents dialectes anglo-saxons pour donner la langue anglo-normande, par la suite les Plantagenêt contribuerons au maintien du français à la cour anglaise, ainsi « Honni soit qui mal y pense » deviendra la devise des chevaliers de l’ordre de la jarretière et « Dieu et mon droit » la devise de la monarchie britannique.
En fidèle compagnon, Guillaume de Cahagnes se voit attribué de nombreux domaines et manoirs dans la région du Northamptonshire et du Sussex, toujours sous l’autorité de Robert de Mortain devenu comte de Cornouailles.
Notre prestigieux Cahagnais fut aussi nommé Haut shérif du Northamptonshire (1), à moins que ce soit son fils (aussi prénommé Guillaume d’où la confusion) ou bien les deux ont pu accéder à cette fonction qui est attestée à William de Cahainges en 1070, 1087 et 1103, nous n’avons pas plus de précisions historiques.
Il est mentionné également dans le Domesday Book (2) que William de Cahaignes en 1086, était tenant en chef dans les comtés de Cambridgeshire, de Buckinghamshire et de Sussex.
Nous ne connaissons pas l’épouse de Guillaume de Cahagnes, peut-être avait-il déjà une femme en Normandie ou bien s’est-il marié à une Normande arrivée après l’invasion.
De leur union naitrons trois fils, Ralph (ou Radulphe) Hugh et Guillaume (William en anglais) époux d’Adelicia.
Cette belle famille gérait les terres des deux côtés de la manche, ainsi du coté anglais le village saxon de Horstede (The Place of Horses en vieil anglais) en leur possession, devint Horstede de Cahaignes puis avec le temps Horsted Keynes, aujourd'hui jumelé avec Cahagnes.
D’autres lieux aussi, possessions de la famille de Cahaignes, ont été nommés d’après son patronyme, Ashton Keynes dans le Wiltshire, Coombe Keynes dans le Dorset, Milton Keynes dans le Buckinghamshire, Somerford Keynes dans le Gloucestershire. Le nom de famille Keynes perdure encore de nos jours en Angleterre Gloucestershire.
On note aussi, que Randulphe de Cahaignes fut bienfaiteur de nombreuses abbayes dont Notre-Dame-du-Val et Notre-Dame de Barbery, dans le diocèse de Bayeux et le prieuré de Merton dans le comté de surrey en Angleterre.
(1) Principal officier chargé de l'application de la loi dans le comté, la fonction de Haut Shérif existe encore de nos jours, elle est surtout honorifique et cérémonielle, c’est une nomination royale pour une année renouvelable tous les mois de mars, ce poste est entièrement bénévole.
(2) Le Domesday Book est l’inventaire et le recensement des personnes des lieux et des biens de l’Angleterre, réalisé à la demande de Guillaume le Conquérant et terminé en 1086.
L’église de Cahagnes avait été donnée en 1170 aux chanoines réguliers du prieuré anglais de Merton, ces derniers finirent en 1259 par la céder aux chanoines de l’abbaye de Notre-Dame-du-Val, située sur la commune de Saint-Omer.
Une série de textes de Merton et de Notre-Dame-du-Val montrent que l’église de Cahagnes ne fut, jusqu'au début du XIIe siècle, ni paisible ni assurée.
Une notice rédigée par un chanoine de Merton et plusieurs lettres, dont l'une de l'évêque Henri de Bayeux, racontent en détail les tentatives successives faites par les descendants du prêtre Hervé, desservant simoniaque, adultère et nicolaïte, (3)
pour recouvrer leurs droits sur l'église dont les chanoines avaient reçu le patronage, probablement à la mort de celui-ci. Autant le cas paraît clair du point de vue canonique, autant il ne l’est pas pour les juges de l'échiquier de Caen amenés à se prononcer sur le fond de l'affaire.
Le prêtre Hervé était en effet apparenté et allié à plusieurs lignages chevaleresques du Bocage, dont certains membres revendiquent sa succession tandis que d'autres agissent auprès des magistrats royaux pour s'opposer aux actions des chanoines.
Guère moins de trente ans et l'intervention énergique de l'évêque de Bayeux et du comte de Mortain seront nécessaires pour faire cesser les prétentions laïques sur la propriété des chanoines. (4)
Le premier prieur curé de Cahagnes connu, en 1256, se nommait Henry.
L’église de Cahagnes demeura possession des moines de l’abbaye du Val jusqu’en 1791. L’abbaye fut démolie en 1805.